Poursuivons notre petite incursion dans le monde des jeux de langue, jeux de mots
et jeux de lettres.
L’anastrophe (n.f.)
Cette
figure de style consiste à inverser l’ordre naturel ou habituel des mots d’un énoncé
pour créer, en littérature, un effet de langue plus raffiné ou plus poétique.
Par
exemple, le groupe de musique québécois Noir
Silence s’est servi d’une anastrophe pour former son nom. Voici d’autres
exemples d’anastrophes :
Immense est mon chagrin.
Vivre un aveugle amour.
Lentement s’éteindre.
* * *
L’aphérèse (n.f.) et l’apocope (n.f.)
L’aphérèse
et l’apocope sont toutes les deux un processus par lequel on fait chuter un ou
plusieurs phonèmes d’un mot. Dans le cas de l’aphérèse, le phonème est retiré en début de mot tandis que l’apocope fait tomber la fin d’un mot.
Le
mot ainsi transformé est une abréviation, mais devient parfois un néologisme
qui passe dans l’usage et est plus utilisé.
aphérèse
|
apocope
|
Bastien (pour Sébastien)
|
Alex (pour Alexandre)
|
Colas (pour Nicolas)
|
Béa (pour Béatrice)
|
bus (pour omnibus)
|
auto (pour automobile)
|
car (pour autocar)
|
accro (pour accroché)
|
droïde (pour androïde)
|
prof (pour professeur)
|
Ricain (pour Américain)
|
petit-déj (pour petit-déjeuner)
|
|
catho (pour catholique)
|
* * *
L’autotraduction (n.f.)
Une autotraduction
est un mot qui, lorsqu’on le scinde en deux, donne la traduction du premier
dans une autre langue. Les rédacteurs s’en servent en publicité ou pour créer
des raisons sociales « bilingues ». Ils leur arrivent d’en changer la
graphie aussi.
Ainsi, le
mot français aubergine se décompose par
[auberge] en français et [inn] en anglais. Merci
[mer] et [sea] et Waterloo [water] et [l’eau] sont deux autres exemples.
Mare Sea Bow Cow
* * *
La boutade
(n.f.)
Une boutade est un trait d’esprit, une
plaisanterie originale qui fait souvent appel au paradoxe. L’humoriste français
Coluche, expert de la boutade a un jour dit : « Y
a-t-il une vie après la mort? Seulement Jésus pourrait répondre à cette
question. Malheureusement il est mort. »
Une des fameuses
boutades de l’auteur Eugène Ionesco se lit comme suit : « Seuls
les mots comptent, tout le reste est bavardage! »
* * *
Le cadavre
exquis (n.m.)
Le cadavre exquis est tout d’abord un
jeu littéraire inventé à Paris vers 1925 par les surréalistes. Le jeu consiste
à faire composer par plusieurs personnes une phrase à tour de rôle sans
qu’aucune d’elles ne puisse voir la collaboration des personnes précédentes.
Ainsi, chaque personne écrit une partie d’une phrase dans l’ordre habituel
sujet – verbe – complément.
La toute première phrase qui fut ainsi
rédigée fut : « Le cadavre – exquis – boira – le vin –
nouveau ». Elle donna donc son nom au jeu.
Il n’y a eu qu’un pas à franchir entre
la phrase et le roman. On a changé quelques règles au jeu en permettant à
l’auteur à qui vient le tour d’écrire son chapitre d’un roman de lire les
chapitres précédents. Le premier roman construit sur ce principe date de 1931.
Il s’agit de L’Amiral flottant (The Floating Admiral) qui est l’œuvre de douze auteurs qui étaient tous membres
de la même association d’auteurs britanniques de romans policiers, soit le
Detection Club.
*
* *
Le calembour
(n.m.)
Il s’agit d’un jeu de mots qui consiste
à utiliser un mot qui peut avoir deux sens et l’effet comique est provoqué par
la double interprétation de la phrase dans laquelle il est utilisé.
Le serveur : C’est pour qui la bière?
Le client : C’est pour la mort! (bière signifie
aussi cercueil)
Le calembour peut aussi se servir
d’homonymes, soit des mots qui se prononcent de la même façon mais qui
s’écrivent différemment. L’effet comique vient du fait qu’on écrit la forme qui
ne convient pas dans le contexte.
Demandez nos exquis mots pour esquimaux.
Tous les matins, je me lève de bonheur pour de bonne heure. (cf. Jacques Prévert)
Entre deux mots, il faut choisir le
moindre pour entre deux maux. (cf.
Paul Valéry)
Enfin, certains calembouristes,
comme Sol (Marc Favreau) le roi québécois du calembour, s’amusent
à inventer des mots et des expressions. Ils remplacent ou suppriment un son
dans un mot pour en évoquer un autre.
L’odieux
visuel
Retour
aux souches
La
francacophonie
Je persifle et je singe
Y a pas de feu sans fumée
Les Œufs limpides
Faut d’la fuite dans les idées.
* * *