mardi 12 juin 2012

Étranges créatures québécoises


Vous êtes vous déjà demandé qui était le quêteux du banc du quêteux, le bonhomme Sept Heures, le Jacques de la chienne à Jacques, la nonne du pet-de-sœur, l’aïeul du grand-père dans le sirop, le Papineau de la tête à Papineau, la bacaisse dans l’fond de la boîte à bois et d’où sort le nom de Galarneau pour désigner le soleil? Incursion dans la langue de chez nous.

Bacaisse
Dans le langage courant, bacaisse ou baquaise décrit une personne petite et grosse de sexe féminin.  Un baquet est un petit récipient servant à divers usages. C’est par analogie de forme, soit petit et large, et sans doute lourd, qu’on l’a appliqué à une personne. Ce n’est pas toujours un choix heureux que de désigner une femme en utilisant le mot bacaisse.

On peut se demander ce que l'expression « Swing la bacaisse dans l’fond d’la boîte à bois » signifiait à l’époque. Peut-être, était-ce un jeu d’adresse ou encore à la fin d’une journée de travail, on remettait le matériel à sa place? Mais quand on l’utilise en chanson, il s’agit d’une invitation à danser de manière frénétique au point qu’on échappe sa partenaire et qu’elle atterrit dans la boîte à bois. Hum!

Banc du quêteux
Il s’agit d’un coffre qui contenait une paillasse faisant office de matelas et qui, démonté, créait un lit encastré à même le sol. C’était donc un meuble assez gros qui ne ressemble plus au banc dont on se sert pour se chausser et se déchausser et qu'on installe généralement à l’entrée de la maison. 
Le quêteux était un mendiant itinérant voyageant d’un village à l’autre. Sur son c.v.: à l’affût des derniers potins du village, qu’il colporte d’un lieu à un autre; en quête d'une aumône; à la recherche d'une couche pour passer la nuit.


Bonhomme Sept Heures
Mystérieux personnage qui n’avait d’autre fonction que de terroriser les enfants qui refusaient d’aller au lit. Le bonhomme Sept Heures n’avait pas de forme ni de personnalité précise mais il faisait peur.
Or, il s’agirait en fait du ramancheur, soit celui qui replaçait les os cassés ou disloqués. Puisqu’il faisait son travail sans anesthésie, ses interventions étaient probablement assez bruyantes et effrayaient les badauds. En anglais, ce personnage s’appelait bonesetter (littéralement le placeur d’os) et la prononciation française l’a transformé en bonhomme Sept Heures.

Chienne à Jacques
L’expression proviendrait du bas du fleuve où vivait un certain Jacques Aubert au début du 19e siècle. Jacques était un célibataire endurci qui n’avait pour seule compagne qu’une chienne malade qui avait perdu tout son poil. Pour qu’elle survive l’hiver, Jacques la revêtait de vieux chandails usés.
Une autre explication existe toutefois. Au 16e siècle, le jaque était un manteau de cuir qui protégeait les lévriers pour la chasse au sanglier. L’animal avait piètre allure d’où l’expression « habillé comme une chienne à jaque ». Le mot jaque est tombé en désuétude et a été remplacé par le prénom Jacques au fil du temps.

Galarneau
Pourquoi appelle-t-on le soleil, Galarneau? Jacques Godbout, auteur québécois prolifique, s'est inspiré de cette expression largement utilisée dans toutes les régions du Québec dans le titre de son roman Salut Galarneau!
En Bretagne, il y a un vent d’ouest-nord-ouest qu’on désigne sous le nom de galerne. Celui-ci nettoie le ciel et permet ensuite au soleil de réapparaître. Ce terme est devenu galerneau puis au Québec, il a pris la forme Galarneau. 

Grand-père dans le sirop
Ce dessert de pâte bouillie dans le sirop d'érable dilué refait son apparition chaque année pendant le temps des sucres. Il est probablement l’ancêtre du pouding chômeur car il est préparé avec les mêmes ingrédients de base, c’est-à-dire le raisin de Corinthe, la graisse de rognon de boeuf, la farine ou la mie de pain et les œufs. La tradition populaire suggère que le nom de grand-père associé à ce dessert tire son origine du fait que les aïeuls étaient souvent édentés et pouvaient donc en manger sans difficulté.

Pet-de-sœur
Jean Séguin, dans son livre sur les expressions québécoises résume bien l’histoire du pet-de-sœur. Je le cite donc. « Il était une fois une religieuse qui lâcha un pet dans la cuisine alors qu’on préparait un grand repas. Les autres religieuses se mirent à rire et l’une d’entre elles en s’esclaffant laissa tomber une cuillerée de pâte dans un récipient d’huile chaude qui devint, après cuisson, de la pâte à choux. » Ainsi fut créé ce beignet qui est confectionné avec le surplus de la pâte à tarte, dans le but de ne rien gaspiller.

La tête à Papineau
Louis-Joseph Papineau (1786-1871) est avocat et homme politique qui a été un des artisans de la rébellion des Patriotes en 1837. Il était un orateur d’une très grande éloquence qui réussissait à galvaniser les foules. Sa verve était telle que personne ne mettait en doute son intelligence. Ainsi, l’expression « ça prend pas la tête à Papineau » signifie qu’il n’est pas nécessaire d’être aussi intelligent que Papineau pour comprendre quelque chose.

Définitions largement inspirées du Recueil d'expressions et de mots québécois de Jean Séguin, avec son autorisation.







1 commentaire:

  1. Bonjour.

    Au sujet de la "bacaisse", mon grand-père avait dans ses "bâtiments" un genre de ceinture de cuir ayant l'allure de paire de bretelles à la fois. l'utilité de cette chose, m'avait-t-il expliqué à cette époque, c'était pour donner de la force au dos afin de transporter les bûches de bois servant au chauffage. (un peu comme les vendeuses de peanuts dans les stades américains ou vendeuses de cigarettes à une époque désormais révolue). cette espèce de ceinture se nommait une : back ease (un support pour le dos. voilà qu’après fait le plein de bois de chauffage, on pouvait s'amuser dans la cuisine à danser en laissant la backease dans l'fond d'la boîte à bois.

    Mon grand-père, propriétaire d'une boucherie et du magasin général, tenait cet objet comme paiement pour une dette d'un homme qui faisait chantier l'hiver dans les années 30's.

    j'ai revue des backease semblables à celle de mes souvenirs dans la région de Tadoussac dans les années 90.

    sur ce, bien à vous, et, bonnes journées.

    Jean Léger
    avisuel@cstrois-lacs.qc.ca



    comme une bouteille à l'amer.... aurais-je une réponse ?

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